Parmi les nombreuses œuvres consacrées à ce
thème, voici La Vierge aux raisins (1509-10. Huile sur panneau, 72 x 44 cm.
Madrid, Museo Thyssen-Bornemisza) de
Lucas Cranach l’Ancien (1472-1553), artiste majeur de la Réforme
Luthérienne.
Cette Vierge, entourée dans un décor
de château et de montagne, reste pensive, le visage rond, une bande verte
entourant le vêtement traditionnel. Elle est très différente des madones
italiennes, puisqu’elle nourrit l’enfant et semble le protéger en dehors de sa
tâche. Il reste que l’expression de la Vierge est énigmatique. Ici Cranach
associe avec brio les couleurs chaudes et les couleurs froides et travaille en
arrière-plan le paysage (château et montagne) comme un décor surréaliste.
Une autre
version de ce tableau se trouve au Musée des Beaux-Arts de Budapest, intitulé
La Vierge allaitant l’enfant (1515). On retrouve, presque à l’identique les
mêmes éléments de décor et l’attitude de la Vierge n’est pas très éloigné du
premier tableau. Les jeux de couleurs sont ici plus intenses et la lumière est
centrée sur la scène principale.
La même composition
est également visible dans la Madone et l’enfant avec Saint-Jean, datant de
1514 et exposée à la Galerie des Offices de Florence (remarquons ici que l'arbre de gauche forme une croix). Il existe aussi de
nombreuses variantes de ce thème parmi les œuvres de Cranach l’Ancien.
Vierge et enfant, 1518, 41 x 31 cm, Staatliche Kunsthalle, Karlsruhe
Vierge et enfant à la grappe, après 1537, 77 x 57 cm, collection privée
On peut aussi tout naturellement rapprocher ce tableau de La Madone
aux raisins ou à la Grappe (1520-1525, Munich,
Bayerische Staatsgemäldesammlungen), qui se trouvait vers 1550 en possession de Raymund
Fugger. Quelques années plus tard, Cranach reprend le même thème, le tableau
semble plus symbolique : les plissées et l’allure générale de Marie sont
plus allégoriques. Les détails sont également plus travaillés, soulignant
davantage la relation poétique entre la mère et l’enfant. On remarquera aussi l’apparition
de deux angelots qui donnent encore plus de religiosité à la scène.
Au regard de ces quelques exemples, on perçoit bien que les commandes de Vierge à l'enfant sont très nombreuses et que Cranach sait utiliser aussi ce marché en donnant à voir différentes variantes d'une composition déjà largement éprouvée.
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